Si l'on devait décrire Pleonexia en deux mots, ceux qui reviennent le plus souvent sont "fusion" et "rupture". Leur style ravive la tradition de mélanger les genres pour en extraire une texture musicale unique. Loin des assemblages opportunistes et superficiels, leur mélange incarne une réflexion profonde sur les tensions culturelles et politiques de notre époque.
À chaque projet, Pleonexia joue avec les frontières. Leur musique unit des éléments de noise, de breakcore, de darkwave et même, parfois, des touches quasi ésotériques venues du trip-hop. Ce cocktail sonore, toujours assumé, leur permet de garder un pied dans l’électro tout en flirtant avec les influences punk et post-industrielles. Prenez un morceau comme "Dystopia We Deserve". Ici, les lignes de basses martèlent, les samples vocaux déchirent comme un cri d’alarme, et les rythmes brisés reflètent l'instabilité du monde qu'ils décrivent.
C’est ce refus catégorique des conventions qui a su capter l’attention. Selon une analyse réalisée par XYZ Sounds, environ 62 % des fans de Pleonexia citent leur authenticité et leur hybridité comme la raison principale de leur intérêt, bien davantage que leur qualité technique ou production.
Mais il ne s'agit pas seulement de sonorités; leurs textes ajoutent une couche supplémentaire de profondeur. Les paroles de Pleonexia sont souvent tranchantes, politiques, mais elles ne tombent jamais dans l’écueil du didactisme. Leur crédo ? Faire passer des messages puissants tout en utilisant des métaphores et des ambiances pour laisser une place à l'interprétation personnelle.
Les thématiques ? L'avidité (comme leur nom l'indique, la "plenexia" étant un terme grec désignant un désir insatiable de pouvoir ou de possessions), la surveillance, les dérives sociétales… Autant d'enjeux qui interpellent et résonnent auprès d'une partie de la scène underground en quête non pas seulement de sons, mais aussi d'idées.
Dans leur titre "Algorithmic Chains", par exemple, les paroles dénoncent subtilement l’impact des algorithmes sur nos vies, en jouant sur des allitérations mécaniques et des structures pointillistes qui évoquent une machinerie en marche. Dans un entretien avec Crack Magazine, le collectif expliquait vouloir créer des "textes qui résonnent comme des appels à résister, pas comme des oracles désespérés".
Si écouter Pleonexia en studio est une expérience électrique, les voir en live est une autre dimension. Leur présence scénique est brute, viscérale. Ils ne cherchent pas à plaire, ils cherchent à bousculer. Sur scène, les artistes du collectif multiplient les performances hybrides, mêlant musique live, projections visuelles hypnotiques et installations bruyantes qui interagissent directement avec leur son.
Le groupe est allé encore plus loin avec leur projet "Echo Chambers Destroyed", où chaque performance est unique et basée sur l’interaction directe avec le public. Ces concerts ne se contentent pas d’être des spectacles ; ils deviennent des espaces de dialogue, voire de friction. Une approche qui ne laisse personne indifférent.
Un exemple marquant : leur set au festival Sonic Liberation (édition 2022), où Pleonexia a redéfini l’usage de la spatialisation sonore dans une boîte noire dépourvue de lumières autres que leurs projections contrôlées en temps réel. Une ovation unanime de la part de critiques spécialisés comme ceux de The Quietus, qui ont salué cette "dérive immersive rare et transformatrice."
Autre facteur clé de leur particularité : leur goût pour les collaborations. Pleonexia ne se définit pas seulement par ses propres productions, mais par sa capacité à créer des ponts avec des artistes d’univers variés. Qu'il s'agisse de travailler avec des musiciens ambassadeurs d'autres genres ou de collaborer avec des artistes visuels et performers, leur réseau leur permet d'élargir leur empreinte sans diluer leur identité.
À noter leurs récents échanges avec l'artiste de spoken word La Résistance Inconnue, qui a notamment prêté sa voix au morceau "Fragments of Oppression". Ou encore leur collaboration avec le collectif visuel berlinois Kaotik Patterns, dont les visuels glitchés et perturbants s'accordent parfaitement à l'univers sonore du groupe. Ces échanges renforcent l'image de Pleonexia comme un point de rencontre où les disciplines se frottent, clashent et, finalement, s’enrichissent mutuellement.
Ce qui rend Pleonexia réellement captivant dans la sphère underground est peut-être leur capacité à équilibrer chaos et espoir. À travers des constructions sonores complexes, des performances scéniques intenses ou des collaborations inattendues, ils fuient le simplisme artistique pour offrir une expérience authentique, rugueuse, mais résolument sincère.
C'est cette sincérité brute qui leur confère une place à part dans le paysage musical actuel. Ils ne sont pas juste un "genre hybride" ou des faiseurs de sons audacieux ; ils sont des conteurs, porteurs de récits vibrants sur ce que signifie vivre, résister et sentir dans un monde en constante mutation.
Alors, que vous soyez un fan inconditionnel de la culture underground ou en quête d’une découverte qui émoustillera votre sensibilité sonore, Pleonexia est sans conteste une aventure musicale à explorer. Mais une chose est sûre : ce collectif ne laissera personne indifférent. Leur musique, comme leur vision, est une claque. Et si vous n’êtes pas prêt à être bousculé, passez votre chemin.