4 juin 2025

L’essence de l’underground : Javelin au Guinness Band Competition, un live mémorable au Corner Inn

Un lieu, une compétition, une attente électrique

Le Guinness Band Competition, c’est un peu comme le chaînon manquant entre l’underground et le mainstream, sans jamais trahir son essence brute. Chaque année, cet événement attire des groupes et des artistes de tous horizons, avec une seule ligne directrice : l’authenticité et une énergie scénique sans compromis.

Cette fois, l’épicentre de ce cataclysme sonore était le légendaire Corner Inn, un lieu emblématique des scènes locales alternatives. Niché dans une ruelle qui sent encore les effluves des nuits blanches, cet espace exigu mais chargé d’histoire a accueilli une série d’artistes en quête de reconnaissance. Mais ce soir-là, toutes les discussions tournaient autour d’un seul nom : Javelin.

Qui est Javelin ?

Si vous êtes passés à côté de ce duo électro-expérimental, il est encore temps de vous rattraper. Formé par deux cousins, George Langford et Tom Van Buskirk, Javelin s’est forgé une identité propre en fusionnant des loops bricolés, des samples rétro et une esthétique visuelle presque dadaïste. À mi-chemin entre DIY et technologie de pointe, leur approche déroute autant qu’elle séduit.

Leur musique respire la culture de la récup’, mais en grande pompe. Imaginez des beats qui claquent, des mélodies tirées de cassettes poussiéreuses, et une bonne dose de folie créative. Ce mélange unique a rapidement attiré leur public, et ils se baladent désormais entre des scènes intimistes et des festivals réputés, sans jamais perdre ce grain de folie qui les caractérise.

Un set maîtrisé ou une catharsis sonore ?

21h30 : les premières notes retentissent. On est loin des traditionnelles introductions justificatives. Javelin attaque fort en ouvrant avec « Soda Popinski », un de leurs morceaux emblématiques. Le public, déjà compact et frémissant dans l’espace réduit du Corner Inn, bascule immédiatement dans une transe collective. Rien ne semble laissé au hasard, sauf leur capacité à provoquer l’imprévu.

Chaque morceau enchaîne avec une fluidité désarmante. Les rythmes oscillent entre la funk électronique, des influences hip-hop lo-fi et des nappes ambient qui donnent aux spectateurs quelques rares instants de répit. Le titre phare de la soirée ? « C-Town», une odyssée de cinq minutes où chaque fréquence semble avoir été conçue pour déclencher une émotion particulière. Une parfaite mise en abyme de leur capacité à transformer leurs samples épars en une alchimie sonore parfaitement cohérente.

Côté matériel, ils n’ont pas fait dans la demi-mesure : un sampler MPC 3000 en étendard, des enceintes vintage customisées pour amplifier leurs mélanges analogiques/numériques, et même un lecteur de cassettes détourné pour ajouter des textures granuleuses en live – une marque de fabrique du duo.

Quand l’improvisation rencontre la précision technique

Ce qui impressionne le plus chez Javelin, c’est leur capacité à improviser tout en gardant une précision chirurgicale. Leur performance au Guinness Band Competition a repoussé encore plus loin cette dualité. Entre deux morceaux soigneusement imbriqués, ils glissent des phases d’improvisation qui amènent le public à se demander si tout cela était prévu ou si c’est simplement du génie instantané.

Un moment particulièrement marquant ? Cette transition osée entre « Tryouts » et un remix imprévu d’un classique de Nile Rodgers, un clin d’œil aux racines funk qu’ils revendiquent haut et fort. Tout semblait parfaitement planifié, mais il est évident que ce genre d’audace ne peut être que le fruit du talent brut qui les habite.

L’interaction avec le public : le chaînon clé

On dit souvent qu’un concert mémorable repose sur la connexion entre l’artiste et son public. Javelin l’a bien compris. Entre deux morceaux, Tom Van Buskirk lance des blagues décalées, et George Langford invite littéralement la foule à influer sur la setlist. Résultat ? Une ambiance survoltée où chaque spectateur se sent non pas simple auditeur, mais acteur à part entière d’une expérience collective.

À un moment, ils tendent au public une vieille cassette que George sortait de son sampler. Gravée d’un simple “Loop 2.0”, elle devient soudain un symbole d’échange entre l’artiste et son audience – une métaphore parfaite de leur musique, où rien ne se perd, tout se transforme.

Une performance à la hauteur des enjeux de la compétition

En temps normal, des compétitions comme le Guinness Band Competition peuvent être un terrain miné pour les artistes. Mettre son art en balance face à d’autres talents, sous l’œil vigilant des jurés et des spectateurs, est un pari risqué. Mais pour Javelin, ce risque a payé. Non seulement leur performance a été un des sommets de la soirée, mais elle a aussi démontré leur capacité à se démarquer dans une scène où tout semble parfois formaté.

Des rumeurs courent déjà : avec un tel show, ils pourraient sérieusement prétendre au titre de cette édition. Mais peu importe le résultat final, Javelin a prouvé une fois de plus qu’ils sont bien plus qu’un simple groupe : ce sont des architectes sonores, réécrivant constamment les règles de leur propre jeu.

Un futur à surveiller de près

Avec une telle performance, il est évident que Javelin ne va pas disparaître des radars de sitôt. Leur capacité à surprendre, à s’adapter et à fasciner continuera sans doute de leur ouvrir de nombreuses portes, à la fois dans l’underground et sur des scènes plus mainstream. Mais ils restent fidèles à ce qui fait leur force : une authenticité et une générosité artistique qui les éloignent des pièges habituels de l’industrie musicale.

Pour ceux qui étaient présents au Corner Inn, ce live restera gravé dans la mémoire collective. Pour les autres, une chose est sûre : ne les ratez plus. Javelin est de ces groupes qui ne se contentent pas de jouer de la musique, ils fabriquent un moment, une histoire, une vibration inoubliable.

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