Un set maîtrisé ou une catharsis sonore ?
21h30 : les premières notes retentissent. On est loin des traditionnelles introductions justificatives. Javelin attaque fort en ouvrant avec « Soda Popinski », un de leurs morceaux emblématiques. Le public, déjà compact et frémissant dans l’espace réduit du Corner Inn, bascule immédiatement dans une transe collective. Rien ne semble laissé au hasard, sauf leur capacité à provoquer l’imprévu.
Chaque morceau enchaîne avec une fluidité désarmante. Les rythmes oscillent entre la funk électronique, des influences hip-hop lo-fi et des nappes ambient qui donnent aux spectateurs quelques rares instants de répit. Le titre phare de la soirée ? « C-Town», une odyssée de cinq minutes où chaque fréquence semble avoir été conçue pour déclencher une émotion particulière. Une parfaite mise en abyme de leur capacité à transformer leurs samples épars en une alchimie sonore parfaitement cohérente.
Côté matériel, ils n’ont pas fait dans la demi-mesure : un sampler MPC 3000 en étendard, des enceintes vintage customisées pour amplifier leurs mélanges analogiques/numériques, et même un lecteur de cassettes détourné pour ajouter des textures granuleuses en live – une marque de fabrique du duo.
Quand l’improvisation rencontre la précision technique
Ce qui impressionne le plus chez Javelin, c’est leur capacité à improviser tout en gardant une précision chirurgicale. Leur performance au Guinness Band Competition a repoussé encore plus loin cette dualité. Entre deux morceaux soigneusement imbriqués, ils glissent des phases d’improvisation qui amènent le public à se demander si tout cela était prévu ou si c’est simplement du génie instantané.
Un moment particulièrement marquant ? Cette transition osée entre « Tryouts » et un remix imprévu d’un classique de Nile Rodgers, un clin d’œil aux racines funk qu’ils revendiquent haut et fort. Tout semblait parfaitement planifié, mais il est évident que ce genre d’audace ne peut être que le fruit du talent brut qui les habite.