Quand le jazz flirte avec la contre-culture
Dans les années 1960-1970, cultures jazz et contre-cultures cheminent souvent côte à côte. Le free jazz, en particulier, devient un terrain fertile pour les luttes politiques et sociales. Des figures comme Archie Shepp ou les Art Ensemble of Chicago s'alignent ouvertement avec le mouvement des droits civiques, offrant un écho sonore aux revendications. Cette posture reflète celle de l’underground, qui s’érige souvent en opposition aux systèmes dominants.
Le festival Pan-African Arts Festival de 1969 ou encore l'Association for the Advancement of Creative Musicians (AACM) sont autant de moments charnières où musique et idéologie se mêlent. Le jazz expérimental s'émancipe, abolit les hiérarchies musicales et inspire le do-it-yourself (DIY) cher aux scènes underground émergentes des décennies suivantes.
Les liens inattendus avec le punk et la new wave
Le rapprochement entre jazz expérimental et punk/new wave peut surprendre. Mais à bien y regarder, il existe une affinité profonde entre ces mondes. Le groupe DNA, fer de lance du courant no wave dans les années 1970 à New York, incorporait des techniques d’improvisation inspirées du free jazz dans une esthétique bruitiste. John Zorn, compositeur et saxophoniste avant-gardiste, navigue sans effort entre jazz improvisé et culture punk. On trouve chez ces artistes la même énergie brute et anti-conformiste qui anime l’underground depuis ses débuts.
La new wave, de son côté, reprend certains éléments d'intensité et d'expérimentation des sous-genres jazz. Talking Heads ou Briano Eno, dans leurs travaux collaboratifs, ont puisé dans des structures rythmiques complexes et des textures sonores atypiques, symboles des héritages laissés par leurs prédécesseurs jazz.